M- matériau, machine, moyen

Matériau, machine, moyen

Matériau

Le matériau n'est pas la matière mais son analyse en fonction des pouvoirs que le technicien élabore et exploite en elle comme à partir de la lumière et de l'énergie.
L'important consiste à ne pas positiver le matériau et de considérer que la prise manifeste son existence,autant que la matérialité de la chose qui impose elle aussi une manipulation.

 

Matière, énergie, lumière, matériau

 

Si le matériau est appréhendé en tant que capacité mécanologique, c'est à dire en tant que forme structurale, alors, le matériau n’est pas rivé à la matière.Le matériau peut ou non se réaliser par le corps; lorsqu’il en est ainsi, c’est l’énergie musculaire ou calorifique qui porte l’analyse mécanologiqueLe matériau peut se manifester par la lumière quand, par la photographie ou dans la décoloration, elle est une composante d’un pouvoir changeantLe matériau est bien sûr réalisable par la matière, ce qu’on ne sait que trop en confondant matière et matériauParce qu’il est une analyse, le matériau n’est pas le tangible (la matière qu’on peut toucher), mais une abstraction:

  1. un matériau se réalise par des matières variées
  2. une même matière présente des matériaux différents

Il n’y a pas non plus autant de matériaux qu’il y a d’actions envisageables (ni d’engins possibles).

 Le matériau suppose une fin élaborée dont il tire une utilité constitutive.

Autrement dit, le matériau ne se définit pas par ce à quoi il sert : son utilité est fonction des fins techniques existantes. Il n’est pas pour autant une composante de la fin technique à laquelle il participerait comme un élément : il correspond dans le rapport au même matériel à une analyse du moyen (mécanologie) dissociée de l’analyse de la fin (téléologie).

Le matériau suppose un équipement qui systématise son utilité, la faisant apparaître tout en la rendant opposable à d’autres.

Comme un son en désuétude dans une langue qui se repère dans l’expression d’une autre (qui fait l’accent de l’étranger), tel que le ou confondu avec le u par l’Anglais qui s’essaie au français, des moyens se présentent, intégrés à un autre système technique en même temps que celui habituellement mis en oeuvre (qu’on songe à la fragilité du verre dans le boîtier d’alarme d’incendie). 

 

Machine

La machine qu'on connaît masque notre capacité technique. La machine à révéler est en nous; certes,elle robotise nos actions mais elle fonde la légèreté du technicien que nous sommes tous. Sans elle, nous serions asservis à nos choses à faire.

Unité de fin déjà là, elle est constituée de dispositifs dont l'intégration est telle que l'un ne peut fonctionner sans l'autre. Conséquence: sa complexité ne gêne en rien sa facilité d'emploi, le seul risque étant l'inattention qu'elle procure, à l'inverse de l'attention instrumentale.

 

Pour en savoir mieux: http://perso.numericable.fr/gilles.le.guennec/Site_glg/Arts_plastiques.html

POLYTÉLIE ET PÉRIPLASIE

Polytélie

Que le technicien dispose ou non d'appareil qui automatise son travail, il sait de par sa capacité technique, qu'avec la machine plusieurs fonctionnements sont intégrés. Ceux-ci manifestent la polytélie fondamentale par laquelle tout constructeur est capable de compacter en une seule routine une pluralité de façons de faire préfabriquées, tâches indistinctes dans le cadre de l'unité distincte. Dans le rapport à plusieurs affaires à gérer, la polytélie désigne la capacité à mettre en oeuvre la même machine pour les traiter techniquement.
Si la polytropie implique qu'une même tâche assure ceci ou cela, la polytélie désigne le fait qu'une seule machine fasse ceci et cela sans rapport d'action. La photographie qui utilise le dispositif d'obturation-occultation non seulement gère la quantité de lumière qui fait qu'on obtient ou non une surexposition mais encore la profondeur de champ, soit la netteté de la photo en toute zone, éloignée ou rapprochée, de l'image . Si l'on considère une poussette qui réalise entre autres une machine de transport par rotation et manutention, elle est à même de pourvoir au déplacement d'une charge, mais peut dans le même temps se lever elle-même pour passer d'une marche à une autre. Car la poussette comporte une roue couplée à un manche, ce qui en fait en même temps un dispositif de levier : cette réalité se manifeste d'ailleurs sur les chemins caillouteux et donc moins carrossables, lorsque les roues avant, passant sur les obstacles, font basculer l'ensemble de l'équipement vers l'arrière, faisant trembler les avant-bras du conducteur. 

 

Périplasie (ou périplastie)

Étant donnée une chose à faire, il est possible de procéder, du plus simple au plus complexe, par un nombre variable de séquences opératoires. L'analyse est quantitative, il s'agit de faire appel à un nombre inférieur ou supplémentaire de machines pour réaliser la même affaire.
De même que par l'énoncé d'un seul mot se disent plusieurs choses (on peut ainsi recourir à plus ou moins de mots) ex: par le seul mot "sur le tableau" se dit une pluralité d'objets: "ni dessus ni dessous ni à droite ni à gauche du plan frontal qui devant vous utilisé pour l'écriture", pour faire quelque chose, on peut mettre en oeuvre plus ou moins de machines, ex: pour produire une plage colorée devant vous, je peux utiliser une feuille de papier de couleur, ce qui est déjà complexe si l'on tient compte du fait que toutes les séquences opératoires de la production du papier sont impliquées, disons pour simplifier qu'il y a moulage, pressage, découpage ; mais cela l'est déjà à tenir bras levé, la feuille entre le pouce et l'indexe : manutention et serrage y sont intégrés. Je peux projeter une diapositive, ce qui réalise plusieurs unités téléologiques: éclairage-filtrage-chromatisation (projecteur) + accrochage-enduit-réflexion (écran), je peux prendre un ordinateur et le coupler avec un projecteur pour ajouter la numérisation et la programmation à la présentation de la lumière colorée.
On conçoit sur cette base structurale quantitative que la chromatisation n'implique pas nécessairement de l'éclairage et qu'ainsi elle aille uniquement de pair avec un dispositif de présentation, ce qui suffit à constituer l'unité d'une fin élaborée. Comment rendre compte cependant de la prise en compte de la lumière? il suffit de s'en éloigner pour considérer comment l'installation jointe à la construction de l'atelier assurent un éclairement sans éclairage, le contrôle instrumental de l'efficacité se manifestant pas des réajustements continuels de l'orientation (moyen) de la surface à voir pour la mettre en pleine lumière (fin). On retiendra, contre l'a priori de la réduction instrumentaliste de la technique, que l'installation peut servir une finalité autre que de permettre de s'installer. Cette remarque nous situe dans l'écart entre l'outil et le trajet final. Plus encore, non seulement une surface éclairée (trajet final) n'est pas nécessairement une surface produite par éclairage mais quand elle est ainsi faite, l'occultation des ouvertures s'y combine unitairement: l'homogénéité de la lumière artificielle est requise en rapport avec l'exigence esthétique de l'unité de l'oeuvre, le spot n'admet pas plastiquement la concurrence de la fenêtre. La photographie accentue encore cette éventuelle dichotomie, la pellicule étant étalonnée dans le rapport à la lumière électrique ou celle du plein jour — Tandis que la vidéo "préfère" la lumière bleu et voit mieux que l'oeil dans le brouillard — .

Auturgie :


A l'instar de l'autonyme - ex: par le seul mot "sur le tableau" se dit une pluralité d'objets: "ni dessus ni dessous ni à droite ni à gauche du plan frontal qui devant vous est utilisé pour l'écriture" - par lequel le mot se désigne lui même, en développant une pluralité d'unité sémantiques, l'auturgie, fondamentalement négatrice de l'unité du fabriqué, réaffirme la pluralité des fins implicitement niée par la machine. Analyse industrielle, l'auturgie conteste, par la pluralité des choses à faire, l'unité formelle dont elle procède en faisant valoir une pluralité de fins industrielles que la machine fait en elle-même. Exemple: pour ouvrir une porte, l'exploitant bascule la poignée vers le bas (pression-levage) et il tire vers lui ou pousse le battant (accrochage-manutention), deux machines sont en action. Le levier ne peut se manifester indépendamment de la pression bien que l'attention puisse l'orienter vers le haut ou le bas . Par la manutention, la poignée peut être tirée ou poussée. La relative "autonomie" (auturgie) des tâches ou partiels de la machine peut se constater ainsi.
L'auturgie n'est donc qu'un cas de la périplastie qui dans son principe procède par réaménagement de la machine, en ajoutant et retranchant des tâches (qui ne peuvent être réalisées qu'en machines), mais pas seulement, en faisant de même pour les machines impliquées.
NB : 
On ne trouve pas « auturgie » sur le site du CNRTL , voici ce qu’on trouve néanmoins par analogie avec l’analyse propre au langage:
http://www.cnrtl.fr/definition/autonymie
Voilà pour le littéraire et le grammairien. S’agissant de l’étude spécifique de l’activité technique, j’ai relevé l’emploi de ce terme par certains archéologues : plutôt que de chercher à quoi sert l’appareil, on le fait fonctionner. Ce principe guide ce qu’on appelle encore une archéologie expérimentale : « si tu peux le faire, alors, cela pouvait se faire… »
Selon une démarche plus structurale, celle que propose l’anthropologie clinique médiationniste, l’auturgie désigne la décomposition en opérations séparées de cet ensemble de tâches qui se font d’un seul coup par le principe même de l’intégration d’une pluralité indistincte de fins en une unité technique qu’est la machine. L’autonyme est magistralement analysé par René Jongen, lié à Jean Gagnepain, dans son ouvrage : « Quand dire, c’est dire ».
De la même famille de mots : métallurgie, sidérurgie, urgence, et méturgie (autre néologisme médiationniste qui comporte la variante métergie, plus proche de l’ergologie et de l’ergotropie).
L’équivalent qu'on peut trouver couramment pour auturgie, self-action, n’est pas très éloigné de ce processus général de médiation de l’activité par lequel la technique fait à notre place, le dispositif agissant de lui-même, mettant le constructeur en disponibilité, ce que l’ergologie nomme le loisir.

 

Moyen

Sa réalité positive et singulière est celle de l'action naturelle et instrumentale. Le rapport naturel au moyen s'introduit par l'action, il suppose le remplacement de l'objet représentatif par le trajet opératoire. Dans l'action, il est indissociable de la fin.

Sa réalité négative est celle de la technique et la capacité d'outil. Il n'y a alors que des moyens au pluriel et des analyses, par différenciation et segmentation, qui nient la possibilité d'action lui substituant un fonctionnement d'outil.

 

Conversation (extrait) / asservissement et retour de l'instrument


Par analogie avec le symbole, évidement de l'indice, objet 1 au profit du sens, objet 2, l'instrument est dématérialisation du moyen au profit de la fin. L'instinct procède par asservissement du moyen à la fin, d'où la ténacité animale. Pas de moyen dissociable de la fin: c'est en cela qu'il y a asservissement du moyen à la fin. Moment technique, la barre qui sépare les deux faces de l'outil rompt avec cette liaison.

 

Je suis dubitatif sur la persistance de l'instrument malgré l'Outil, de même que je n'avais pas compris (jusqu'ici ?) que le symbole puisse persister malgré le Signe. Si le Signe est la négation du symbole, exit le symbole, non ?

 

Quant au moment de la production, il est le troisième moment dialectique de négation de l'outil (polytélique) et d'affirmation de la chose à faire (autrement dit de la fin, bien que médiatisée), de même que la désignation fait place à la monosémie de la chose à dire.

L'attention nécessaire pour réaliser la chose à faire manifeste de l'instrument puisque s'impose de mettre en rapport les moyens et les fins élaborés avec la finalité visée.

Tu trouveras dans "la fabrication en questions" quelques développements sur ce point de l'outil/instrument que je rebaptise action/technique et aussi sur la production.

 

 

Entonnoir

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