E- Engin, ergologie, ergotropie

Engin

Capacité à séparer les moyens en unités mécanologiques qui implique leur dénombrement sur une base qui n'est pas fonction de l'isolation physique des moyens mais des utilités distinguées dans le fabriqué.Le manche du stylo comporte du réservoir et la masse du marteau n'en est pas une si on la sépare du manche.

 

Segmentation mécanique 

Nos gestes sont scandés par les engins qu ’on emploie. Pour autant, et ce processus tient à la négation dialectique de la fabrication par la production, de la technique par l'action (de l'outil par l'ouvrage), à travers les ustensiles qu ’on tient l ’adéquation à la chose à faire dicte le début et la fin des actions du constructeur. La recherche des formes « fonctionnelles » de l ’équipement et de la rationalisation du chantier telle que l'organisation « scientifique » du travailne sont les masques des analyses ergotropiques qui ont lieu.

Ergotropie et ergologie

L'ergotropie voudrait être l'analyse incorporée au travail lui-même avant que les mots et leur logique ne la représentent. D'où la distinction entre ergologie et technologie opérée dans un premier temps, puis, considérant que l'ergologie est devenue notamment sur le net, le nouveau nom de baptême de ce qui reste foncièrement une technologie, c'est-à-dire une rationalisation du travail, le terme d'ergotropie s'est imposé, déjà posé par Jean Gagnepain comme raison spécifique de l'art. Le tropos y remplace le logos. Et cesse du même coup le privilège du langage.

 

Autonomie ou ergotropie de l'art ?

 

On dit sans le savoir l'autonomie de l'art. Dans les actions quotidiennes, il arrive souvent de rechercher le bas de sa chemise, de le tenir en haut par la main avant de l'enfiler, d'écrire jusqu'au bas de la feuille posée à l'horizontal, d'attendre la fin du fonctionnement de l'appareil. L'espace et le temps technique, dont le moteur à quatre temps, ont leur autonomie, c'est à dire leurs nécessités qui ne connaissent pas nos impératifs. Nous voulons faire mais sans compter bien souvent avec ce qui peut se faire. Principe réaliste, pas toujours car le constructeur peut imposer, en privilégiant ainsi la technique, par exemple, contre la vie des habitants une distribution des tours d'immeuble fonction des rails de la grue dont il dispose. Dans les années 60, on a beaucoup bâti et l'urbanisme ne comptait pas tellement.

L'autonomie de l'art paraît un bien grand mot et c'est d'ailleurs en ces termes que l'art moderne puis contemporain s'est présenté, en rupture avec l'usage, la figuration représentative, et les attentes 'un public pensé comme clientèle. Certes, le mot répondait à la nécessité impérieuse de rompre l'asservissement de l'art aux grands mythes judéo-chrétiens, à sa laïcisation. Ce que dit encore clairement Luc Ferry, p.115-122, 7 façons d'être heureux. Mais l'art, tombé d'une poêle, il est passé dans l'autre, celle du politique à tel point qu'on a pu parler d'art « pastoral » pour dénoncer cette asservissement aux pouvoirs locaux des manifestations publiques autour de l'art. Donc le terme vaut toujours en ce sens pourtant il comporte une ambiguité.

L'autonomie de l'art devrait être requalifié car ce ne sont pas les lois du nomos et de la cité qui régissent l'activité de l'art mais un déterminisme spécifique, le tropos qui conduit nos actions pour les rendre toujours outillées, cadrées par cette raison d'agir incorporée à la technique.

L'ergotropie ne dit pas autre chose et je cale mes pas sur ceux de jean Gagnepain dans le chemin qu'il a ouvert avec Olivier Sabouraud pour donner place, toute la place un moment au déterminisme technique.

Entendons nous bien : il ne s 'agit pas de lier nos actions au matériel qu'on utilise comme on relie de façon indissociable le moyen à la fin. Il s'agit de considérer la complexité de ce qui se fait quand on fait.

Revenons sur cette appréhension des gestes de celui qui travaille, qu'il soit ou non artiste, il ne fait pas que produire, il est autant dans le rapport à son équipement et ses façons de faire que dans le rapport à ses finalités de production. Autrement dit, il analyse ses moyens et ses fins, de telle sorte que ses moyens ne sont pas liés à ce qu'il produit : il peut à tout moment produire autre chose : dessiner avec sa machine à coudre, trancher avec son laser, et l'on sait que les réglages sont des préoccupations constantes compte tenu des améliorations qu'on veut apporter au produit. Bref, il y a toute une organisation propre à l'outillage qu'on utilise qui impose ses moyens et ses fins en nombre et en qualités limités.

L'option défendue par Jean Gagnepain et Olivier Sabouraud a été d'enfourcher le structuralisme mais pas seulement comme on a pu l'affirmer à travers la revue Débat. Ajoutons la dialectique Marxiste et l'inconscient freudien.

Mais avant revenons à cette analyse structurale des moyens et des fins : chacune de nos actions est singulière parce qu'il s'agit de mettre en rapport un moyen avec une fin dans des circonstances jamais les mêmes avec un moyen qui disparaît aussitôt que la fin elle-même provisoire est obtenue. C'est ce qu'en terme neurologique on appelle, la praxie. L'invention de Jean Gagnepain et de son équipe a été de dissocier les troubles de la manipulation jusque là confondues plus ou moins en troubles de la praxie. (Cf. Pick et Helman) en faisant ressortir les troubles de la fonction naturelle d'analyse de la motricité et ceux de la faculté technique. Plus clairement, avec un exemple : un atechnique garde sa capacité de mouvement mais il est perdu par ce qu'il faut prendre comme moyen : il ne sait pas l'identifier, ou bien il cherche ce qu'on pourrait bien faire avec , avec un exemple : quelqu'un a dans la main un savon et il ne sait pas en déduire un mode d'emploi, ou bien il est dans une salle il cherche une issue de sortie et il est aveugle à la porte. Ce n'est pas comme s'il avait des difficultés à saisir un crayon sur une table, c'est plutôt qu'il confond celui-ci aussi bien avec le pot de fleur qui s'y trouve.

En somme, l'atechnique a perdu la capacité technique. C'est quoi ? On y reviendra, car avant je voudrait encore indiquer que la dialectique est aussi en jeu. Comment ? Par le fait initial qu'on a initialement l'instinct d'agir et de mettre en rapport un moyen avec une fin, mais second moment de la dialectique, on refuse d'agir immédiatement et on se fabrique un outillage : c'est la médiation technique, troisième moment : le constructeur entreprend de faire avec le disponible techniquement.

Faire, ne pas faire et faire quand même, ce sont les trois moments de la dialectique du faire.

Ajoutons le troisième principe : celui de Freud qui postule que la conscience n'a pas accès délibérément à tous les sens des mots, ceux-ci travaillent en représentations les projets et il y a, dans les projets eux mêmes une part cachée pour ceux qui les portent. Par analogie, Jean Gagnepain a posé que la conduite comportait aussi un implicite, de sorte que son analyse n'a pas besoin de technologie pour avoir lieu : ça se fait, qu'on s'y prenne comme un manche ou comme l'ingénieur. Chacun analyse son action sans y penser, la façon de faire comporte en elle-même son analyse.

Bardé de ces trois principes, on peut maintenant entrer dans l'appréhension de l'ergotropie.

 

 

 

Ergobd

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