Les éditions du possible

Face aux difficultés à publier, la solution s'imposait de fonder soi-même l'édition. Elle nous permit de faire connaître à un lectorat attentif à l'art et aux sciences humaines, un bilan particulier d'une expérience de plus de 40 ans d'enseignement et de recherche. La fabrication en questions, 168 pages (2015) et le DVD comportant trois films vidéos, Ergotropie (2012, 2014, 2015),ont été portés par ce premier projet. Une exposition personnelle des travaux de recherche à donné l'occasion d'un album-catalogue, Les choses telles qu'elles font, 70 pages (2019), pour rendre compte plastiquement de cette ergotropie en hommage à Jean Gagnepain et son anthropologie clinique médiationniste. Ont suivi Les mots actionnaires, 1273 pages(2023), 18 fascicules qui ambitionnent de montrer, à travers les mots commentés de l'activité, la part de l'homo faberqui ne cesse pas d'être en nous et de nous conduire dans les performances de hautes technologiescommeà travers nos faits et gestes quotidiens.

Ce plan de l'art nous montre indirectement que chacun a ses techniques. Techniques dont il faut parler au pluriel comme il faut parler des langues que nous véhiculons. La publication sur Internet en est une que nous avons exploitée par plusieurs sites : celui des Éditions du possible, Ergo-blog, Le tropos et les arts plastiques, Lergotrope, webador.fr, loeizherrieu.fr ; leur diversité offre des approches différentes de l'art.

La réédition du livre de contes de Loeiz Herrieu۷n'est donc pas tout à fait isolée et insolite¹bien qu'elle s'inscrive dans une commémoration de famille², les récits s'inscrivent dans une diversité de milieux de vie où les activités sont déterminantes jusqu' à promouvoir le narratif.

La lumière et l'éclairage, les métiers à la rescousse contre les dangers du milieu naturel, le voyage et la connaissance partagée, les échanges autour de la dégustation, les échanges de région à région, épistolaires et amoureux, les combats et les stratagèmes pour le pouvoir, la magie de l'apparition et de la disparition couplée aux emblèmes des nations, la navigation et la disparition en mer, la disparition des guerriers et leur retour, les marchés et les échanges de marchandises, la guerre de tranchées, les logements en ville et à la campagne, la vie des paysans et celle des ouvriers, l'accueil et l'hébergement risqué de l'autre, la maladie et les exclusions en conséquences, les remèdes de médecine parallèle, les espaces cachés de l'architecture, l'assistance aux personnes en détresse. On a ainsi fait le tour de ces 17 contes qui relatent un passé récent de langues (vannetais et KLT, h/KLTG, breton unifié) et de techniques, dont les racines sont encore vivantes.

• Concernant Loeiz Herrieu (1879-1953), une biographie et une bibliographie figurent sur le site créé et géré par les éditions du possible depuis 2008 : loeizherrieu.fr ; de nombreux renseignements documentaires y sont disponibles ainsi que des chansons traditionnelles.

On pourra se référer, pour ce qui concerne sa vie jusqu'à la première guerre mondiale, principalement aux ouvrages de son historiographe Daniel Carré ; Loeiz Herrieu a bien été réhabilité en 1952 ; mais, entaché de cette période tumultueuse de la seconde guerre qui a d'ailleurs fait oublier sa participation sans faille à la première, son œuvre de publiciste et d'écrivain qui lui a très tôt valu le titre de Barh-Labourér reste encore largement à découvrir, notamment par les bretonnants, qu'ils soient « vannetais », du Bro-Ereg ou « bretons modernes » pratiquant le KLTG.